mercredi 23 novembre 2011

Citroën 1933

Un texte du groupe Octobre, lu par Jacques Prévert. Il reste d'une actualité brulante. Rien n'a vraiment changé!


Le message de Danielle Miterrand

« Nouveaux résistants à l’ordre néolibéral, bâtisseurs d’un monde où chacun trouve sa part de vie, de liberté et d’action, expérimentateurs de solutions alternatives aux problèmes du temps... Qu’ils se rassemblent, s’unissent, fusionnent partout dans le monde pour mettre un terme à la dictature économique et financière, suppôt des dictateurs politiques. Celles-ci semblent être, enfin, ébranlées par la colère des peuples. C’est heureux mais ce n’est qu’un début. Je souhaite de tout cœur que nos propositions en faveur des biens communs du vivant soient comprises de tous et participent à l’urgente et indispensable métamorphose de la société humaine vers une nouvelle civilisation ».

vendredi 11 novembre 2011

A Nantes, les instits inventent des "contre-animations" pédagogiques

(emprunt au café Pédagogique 11 novembre 2011)

Par Cécile Chazerans
Découvrez Le Café Pédagogique

Ce matin, à Nantes, près de 70 enseignants se sont retrouvés. Sans commande ministérielle. Plus pour réfléchir que pour repartir avec des solutions clés en mains. Organisée par Résistance pédagogique 44 et l'Idem 44 (le mouvement Freinet), ils ont participé à une "contre-animation pédagogique". Un nouveau concept qui répond à sa façon à l'évolution de la formation professionnelle...

C'est au cours de l'année scolaire 2010-2011 qu'est née l'idée de se ré-approprier les dispositifs de formation et de mettre en place ces « contre-animations » pédagogiques. Le mouvement Résistance pédagogique 44 et l'IDEM 44 (pédagogie Freinet) s'étaient unis pour organiser deux sessions de formation, l'une en janvier 2011 sur les évaluations, la seconde en mai sur le livret de compétences.

Pour cette rentrée scolaire 2011, l'IDEM 44 avait demandé aux services académiques de faire figurer au plan de formation académique 3 animations dont les sujets sont au cœur de l'acte d'enseigner : l'hétérogénéité et la difficulté scolaire ; l'autorité et la discipline ; la question de la motivation et du rapport au savoir. Un courrier évoquant une mise en place éventuellement conjointe entre l'IA et l'IDEM serait parti des services de l'IA mais n'est pas arrivé à destination. L'IDEM 44 a tenu à maintenir l'organisation de ces formations, qui deviennent donc des contre-animations, n'ayant pu trouver leur place dans le PAF. L'IDEM fait alors le choix de ne pas organiser son traditionnel Salon des apprentissages individualisés dont le succès en plus de 20 ans d'existence ne s'était jamais démenti. C'est un choix risqué, le Salon fait figure d'évènement reconnu et attendu dans le paysage pédagogique local. Mais au vu du nombre de participants à la session de ce matin, il semble bien que c'est également une attente forte des collègues que de disposer de ces nouveaux espaces d'échanges et de discussions. L'organisation prévoit que certains collègues substituent ces animations à leurs animations pédagogiques « officielles ». Des feuilles d'émargement circulent, des attestations de présence également.

L'introduction rappelle le cadre du droit à la formation des enseignants. On revient sur la circulaire de 1972 qui octroie à chaque enseignant un crédit de formation à temps plein équivalent à une année scolaire. Avec la mise en place de celui-ci l'idée de co-formation émergeait. C'est ce principe que veut se réapproprier l'IDEM, contre des formations artificiellement plaquées voire imposées et loin des préoccupations de la profession. On rappellera également que les associations liées par conventions à l'Éducation Nationale telles l'OCCE ou les CÉMÉA par exemple, reconnues comme organismes de formations, peuvent s'inscrire dans ce type de dynamique pour proposer des contenus au plus près des besoins des acteurs de l'école.

Des ateliers.
A 9h30 les 70 participants se séparent en 3 groupes selon le cycle dans lequel ils enseignent. Dans chacun des groupes un « brainstorming » permet de collecter ce qu'évoque pour chacun le concept de difficulté scolaire et la question de l'hétérogénéité. Des questions profondes émergent : peut-on réellement parler de difficulté scolaire au cycle 1 ? L'inéluctable hétérogénéité quand on enseigne avec de très jeunes enfants, comment faire avec... peut être en regardant du côté des richesses qu'elle apporte. Des outils sont présentés, les pratiques débattues.

Un contrat tacite entre les participants s'installe rapidement, ainsi au cycle 1 tous s'accordent sur la nécessité de bannir la fiche systématique qui installe les élèves dans une situation évaluative où l'on ne construit pas d'apprentissages, pour autant on n'occulte pas les difficultés du métier, on essaie de parler en cernant les problématiques. Les débutants sont avides de savoir comment faire et questionnent les plus chevronnés, leur problématique est également de s'économiser. Sans doute un certain consensus dominait déjà, mais le temps d'échange est tellement rare qu'il rend ces fenêtres précieuses pour l'ensemble des participants.

Les discussions des différents groupes donnent lieu à une mise en commun. En fin de matinée le principe de la résistance est réaffirmé, les enseignants sont là pour résister, non pour empêcher les évolutions du système, mais pour agir et le transformer. On partage le constat du ministère sur l'échec du système éducatif actuel, mais il s'agit de construire une autre école, une autre société... Avec son sens de la formule François le Ménahèze incite les participants à s'autoriser à "restaurer leur autorité professionnelle".

Prochaines contre-animations : le 25 janvier 2012, l'autorité et la discipline ; le 25 avril 2012 sur la motivation.


mardi 1 novembre 2011

60 000 postes dans l’éducation nationale…

Solution miracle, hérésie économique… Ce sont sur ces deux approches que se concentrent les réflexions sur la situation de l’école… Et si les vraies questions étaient ailleurs ? Le fait pour la droite comme pour le PS de ne poser que cette question est révélatrice, sans doute, d’une incapacité à penser l’éducation. Pourtant depuis des dizaines d’années, militants associatifs, mouvements pédagogiques ne cessent de formuler des propositions pour que le service public d’éducation sorte de la spirale de l’échec.

Alors bien sûr la question des moyens affectés à l’éducation nationale se pose… Mais il n’est pas question, comme on veut nous le faire croire, de créer des postes, il s’agit, en réalité, de RETABLIR ceux qui ont été supprimés par la droite (près de 100000 en 6 ans…). Pendant toute cette période le PS a soutenu les actions des organisations syndicales ou de parents d’élèves qui luttaient conte ces suppressions. Il pensait donc que ces suppressions étaient injustifiées… sauf sans doute pour 40 % d’entre elles puisqu’aujourd’hui il n’est plus question que de 60 000 postes. Sans doute en raison de la nécessaire rigueur qu’il faut afficher en ces temps moroses… Au PS « on est sérieux » !

Mais au-delà des chiffres, quid d’une profonde réforme de l’éducation ?

Au fil des années, l’école en France est restée fondée sur une logique de distribution du savoir. Le maître (qui sait) fait don de son savoir à l’élève (qui ne sait rien ou pas grand-chose). C’est la logique même de l’école dite traditionnelle. L’élève reste passif, il écoute, il obéit aux injonctions du maître (le terme en lui même est significatif de la conception pédagogique)[1].

Toute la formation des enseignants s’est construite sur cette logique. Dans les IUFM, un certain nombre d’intervenants ont tenté, de tout temps, de proposer une autre approche mais ils sont toujours restés minoritaires et si leur discours a pu être repris par l’institution, dans la réalité, dans les actes, rien n’a changé ou si peu... D’ailleurs plusieurs d’entre eux ou d’entre elles ont été sanctionnés pour avoir ainsi cru pouvoir remettre en cause le dogme pédagogique.

Le dernier avatar de la formation professionnelle des enseignants est sa disparition… Les dernières réformes ont mis fin à ce qui restait d’une formation « en alternance » et surtout ont considéré que seule la formation disciplinaire importait renvoyant ainsi à une approche purement théorique et universitaire. Cette réforme renforce encore cette logique distributive du savoir. La pédagogie n’est rien, elle peut s’apprendre sur le tas avec l’appui plus ou moins solide d’un tuteur, d’une tutrice, sans formation particulière mais qui sont censé(e)s accompagner les jeunes enseignant(e)s dans leur itinéraire initiatique. Les dégâts sont considérables (voir le rapport de Jean Michel Jolion remis à Valérie Pécresse en avril dernier).

La priorité d’un gouvernement de rupture sera donc de rétablir la formation professionnelle initiale et continue des enseignants. Elle devra se faire en référence aux travaux et aux expérimentations conduits par les mouvements pédagogiques. Elle devra prendre en compte les attentes et les propositions de tous les personnels actuellement en poste. A cet égard l’expérience de la Loi d’Orientation Jospin de 1989 montre que toute réforme aussi juste soit-elle dans ses fondements et ses propositions ne peut se mettre en œuvre sans y associer étroitement les professionnels.


La question de la réussite scolaire doit être posée, elle aussi du point de vue des démarches pédagogiques mises en œuvre. Lorsqu’un enfant arrive à l’école il est déjà porteur d’expériences, de connaissances mais aussi de craintes, de désirs et surtout de besoins. Son parcours personnel est différent de celui de ses copains, ils sont tous différents. C’est de leurs différences que doit se nourrir la pratique pédagogique des enseignants. De ce point de vue les mouvements pédagogiques ont accumulé à la fois les connaissances théoriques et les expériences pratiques. Ils sont en mesure de mettre en œuvre d’autres manières d’apprendre qui font de l’enfant un acteur à part entière de ses apprentissages. Il n’y a alors plus de maître mais un adulte qui permet à chaque enfant, à partir de ses expériences et de ses désirs, de construire son savoir en le confrontant, au sein d’un collectif, avec celui des autres. C’est donc en changeant profondément les objectifs de l’école et les pratiques pédagogiques que l’on pourra espérer venir à bout du cercle infernal de l’échec scolaire. Ce qui est le plus troublant, c’est qu’à chaque fois que l’actualité vient ébranler la vieille maison Education Nationale, on s’intéresse aux « marginaux », les extraterrestres que sont les militants pédagogiques… On tourne un reportage dans un lycée différent, dans un collège expérimental, dans une école coopérative…puis on range bien vite les documentaires et on oublie jusqu’à la prochaine…

Au fil des années, les réformes se multiplient, l’Education Nationale est, sans doute, le secteur qui connait le plus de textes, de recommandations ou de lois de programmation… Mais ce qui frappe, à chaque fois, c’est l’absence totale de concertation avec eux dont c’est le métier – les enseignants, les infirmières scolaires, les psychologues scolaires, les assistantes sociales…- et avec ceux qui sont directement concernés par l’école à savoir les familles… Par famille il est évident que j’entends aussi bien les parents que les enfants… On ne demandera pas la même chose, évidemment, à des élèves de l’école élémentaire qu’à des lycéens. Encore que, lorsqu’on permet à des enfants de 8 à 10 ans de s’exprimer sur leur école, ils sont capables de formuler des propositions très pertinentes. Les militants de la classe coopérative pourront en témoigner. Il ne pourra donc pas y avoir de vraies réformes, de vraie rupture sans un débat, sans une véritable concertation avec les acteurs de l’éducation. Ce grand débat devra prendre en compte également le point de vue des organisations syndicales, à la fois parce qu’il est légitime mais aussi parce qu’il est la condition de la réussite. C’est par une adhésion profonde à l’analyse conduite collectivement et par un processus collaboratif qu’on pourra enfin réussir une vraie révolution éducative.

Il est, pour moi, évident que la vraie transformation de l’école passe par ces trois pistes incontournables :
La formation des enseignants
Le renouvellement des pratiques pédagogiques
La mise en place d’un vrai débat public sur les questions d’éducation ouvrant la voie à une vraie construction collective et citoyenne

Force est constater qu’il n’y a pas grand-chose de tout cela dans le programme proposé par le PS qui fait même sien le concept de socle commun cher à Xavier Darcos et qui considère que l’enseignement privé doit être associé à la nouvelle politique de sectorisation pour y apporter sa contribution…
Une occasion ratée !

[1] Un maître ou maitre est une personne qui domine (Académie française, « Orthographes recommandées par le Conseil supérieur de la langue française)