mardi 11 septembre 2012

Emplois d'avenir



Emplois d’avenir, les mal nommés

Le gouvernement met la dernière main au vote de la loi qui va créer les « Emplois d’avenir ». Ce dispositif est conçu comme une arme pour lutter contre le chômage des jeunes, particulièrement pour les moins qualifiés ou pour ceux qui rencontrent des difficultés chroniques d’insertion.

Les employeurs visés sont essentiellement les associations à qui on demande de recruter ces jeunes, de compléter leur formation, de les professionnaliser et de les conduire à l’emploi durable… Excusez du peu ! Serait-ce un hommage du politique à la qualité du monde associatif et à ses compétences à répondre aux besoins sociaux ? On pourrait le penser, ou pour le moins le rêver… Mais au moment où le gouvernement compte sur le monde associatif, il annonce aussi que, rigueur, sérieux de la gestion obligent, les associations devront contribuer au redressement des comptes en n’espérant pas  voir les aides publiques retrouver un niveau acceptable. En résumé, les associations, elles, ne pourront pas compter sur le gouvernement pour voir reconnue leur utilité sociale et donc disposer des moyens publics de faire face à l’urgence sociale. C’est un marché de dupes ! 

Cette politique à la petite semaine a bien du mal à être mise en débat auprès des représentants du monde associatif car tous les bilans fait des dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes montrent qu’ils doivent s’inscrire dans la durée, prendre en compte la nature de l’activité développée, être corrélés avec un soutien durable et significatif aux associations et ne pas cibler un seul public. Toutes les études réalisées sur les dispositifs des emplois-jeunes puis, plus récemment des emplois-tremplins vont dans le même sens. Et pourtant le gouvernement reprend les mêmes vieilles recettes sans tenir compte de l’avis des premiers concernés à savoir les responsables associatifs. 

Les associations ont montré leur capacité à créer de l’emploi mais on ne peut ignorer la précarité de cet emploi car il est directement lié au soutien que les pouvoirs publics apportent à la dynamique associative. Dans les dix dernières années le monde associatif a été particulièrement malmené par les politiques conduites par la droite mais aussi par la logique libérale mise en œuvre au plan européen. Tout le secteur associatif est sinistré. On a vu, dans la dernière période, pour la première fois depuis de nombreuses années, l’emploi associatif se réduire. 

Le dispositif des emplois d’avenir ne vient pas en aide à l’activité associative, il peut même, à terme, mettre en danger la pérennité de certaines associations. La vraie question que le gouvernement ne se pose pas, c’est celle du soutien à l’emploi associatif, c'est-à-dire de l’aide au fonctionnement des associations afin de leur permettre de conduire leurs actions au bénéfice de tous. C’est pourtant le seul moyen de faire vivre la démocratie sur tous les territoires de vie, de donner sens à la devise républicaine. Ensuite, confortées dans leurs actions, les associations seront en mesure d’accompagner les jeunes et les moins jeunes qui en ont besoin. Elles pourront alors créer de réels emplois, qualifiés, durables et porteurs de sens. Cette posture exige de rompre avec la logique libérale, elle nécessite d’extraire l’activité associative du champ de la concurrence. Les associations ne créent pas de nouveaux produits, de nouveaux services, elles trouvent des solutions pour répondre aux besoins des habitants, des citoyens. C’est ce que doit reconnaître et affirmer le gouvernement. Son aide prendra alors tout son sens, celui de la rupture avec le capitalisme et celui de la véritable reconnaissance de l’économie sociale comme voie alternative à l’économie de marché. Voilà ce qui serait porteur d’avenir.