Emplois d’avenir, les mal nommés
Le gouvernement met la dernière
main au vote de la loi qui va créer les « Emplois d’avenir ». Ce
dispositif est conçu comme une arme pour lutter contre le chômage des jeunes,
particulièrement pour les moins qualifiés ou pour ceux qui rencontrent des
difficultés chroniques d’insertion.
Les employeurs visés sont essentiellement
les associations à qui on demande de recruter ces jeunes, de compléter leur
formation, de les professionnaliser et de les conduire à l’emploi durable…
Excusez du peu ! Serait-ce un hommage du politique à la qualité du monde
associatif et à ses compétences à répondre aux besoins sociaux ? On
pourrait le penser, ou pour le moins le rêver… Mais au moment où le
gouvernement compte sur le monde associatif, il annonce aussi que, rigueur,
sérieux de la gestion obligent, les associations devront contribuer au
redressement des comptes en n’espérant pas voir les aides publiques retrouver un niveau
acceptable. En résumé, les associations, elles, ne pourront pas compter sur le
gouvernement pour voir reconnue leur utilité sociale et donc disposer des
moyens publics de faire face à l’urgence sociale. C’est un marché de dupes !
Cette politique à la petite
semaine a bien du mal à être mise en débat auprès des représentants du monde
associatif car tous les bilans fait des dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes
montrent qu’ils doivent s’inscrire dans la durée, prendre en compte la nature
de l’activité développée, être corrélés avec un soutien durable et significatif
aux associations et ne pas cibler un seul public. Toutes les études réalisées
sur les dispositifs des emplois-jeunes puis, plus récemment des
emplois-tremplins vont dans le même sens. Et pourtant le gouvernement reprend
les mêmes vieilles recettes sans tenir compte de l’avis des premiers concernés
à savoir les responsables associatifs.
Les associations ont montré leur
capacité à créer de l’emploi mais on ne peut ignorer la précarité de cet emploi
car il est directement lié au soutien que les pouvoirs publics apportent à la
dynamique associative. Dans les dix dernières années le monde associatif a été particulièrement
malmené par les politiques conduites par la droite mais aussi par la logique
libérale mise en œuvre au plan européen. Tout le secteur associatif est
sinistré. On a vu, dans la dernière période, pour la première fois depuis de
nombreuses années, l’emploi associatif se réduire.
Le dispositif des emplois d’avenir
ne vient pas en aide à l’activité associative, il peut même, à terme, mettre en
danger la pérennité de certaines associations. La vraie question que le
gouvernement ne se pose pas, c’est celle du soutien à l’emploi associatif, c'est-à-dire
de l’aide au fonctionnement des associations afin de leur permettre de conduire
leurs actions au bénéfice de tous. C’est pourtant le seul moyen de faire vivre
la démocratie sur tous les territoires de vie, de donner sens à la devise
républicaine. Ensuite, confortées dans leurs actions, les associations seront
en mesure d’accompagner les jeunes et les moins jeunes qui en ont besoin. Elles
pourront alors créer de réels emplois, qualifiés, durables et porteurs de sens.
Cette posture exige de rompre avec la logique libérale, elle nécessite d’extraire
l’activité associative du champ de la concurrence. Les associations ne créent
pas de nouveaux produits, de nouveaux services, elles trouvent des solutions
pour répondre aux besoins des habitants, des citoyens. C’est ce que doit
reconnaître et affirmer le gouvernement. Son aide prendra alors tout son sens,
celui de la rupture avec le capitalisme et celui de la véritable reconnaissance
de l’économie sociale comme voie alternative à l’économie de marché. Voilà ce
qui serait porteur d’avenir.