mercredi 30 octobre 2013

Immigration: mensonges et contre-vérités



C’est devenu une habitude, la plupart des médias diffusent, sans analyse, sans contrepoint, les idées nauséabondes du FN et de « la fille de ». Ainsi en est-il de l’immigration. « Il ya trop d’immigrés, ils prennent le travail des français, 3 millions de chômeurs c’est trois millions d’étrangers en trop… » Tout cela repose non sur des faits mais sur des impressions, des sentiments que l’extrême droite instrumentalise pour parvenir à ses fins. Dans les années trente, c’est de cette manière qu’Hitler est parvenu au pouvoir, les murs des villes allemandes étaient couverts d’affiches qui indiquaient que les juifs prenaient le travail des bons allemands… L’histoire nous permet de mieux comprendre tous les ressorts qui conduisent à de telles imbécilités. Face à l’irrationnel nous ne disposons pas que de notre force de conviction, nous devons également rappeler les faits pour démonter le discours xénophobe et raciste d’une droite qui n’a jamais complètement renié son attirance vers tout ce qui constitue l’exclusion des plus faibles.

Alors qu’en est-il des affirmations du FN et de cette droite qui se dit « décomplexée » ?

Nous serions envahis… Les chiffres sont là : 267 000 entrées d’étrangers pour 200 000 départs de français…C’est donc une évolution de 0,1% !

Les immigrés prendraient le travail des français… Là encore voici les chiffres, 60 000 sont des étudiants (74 000 jeunes français font leurs études dans un autre pays…) ,90.000 sont des épouses ou des enfants qui viennent dans le cadre du regroupement familial, 20.000 sont des réfugiés humanitaires et 20.000 des réfugiés économiques. Difficile dans ces conditions de prendre du travail à qui que ce soit. Et attention, il ne faut pas confondre travailleurs immigrés et travailleurs détachés. Ces derniers sont des ressortissants d’autres pays européens qui viennent sur des chantiers en France pour des périodes courtes et ponctuelles. Cette pratique est le fait de grands groupes (entreprise du CAC 40 par exemple) qui voit là le moyen de peser sur les salaires. Ce ne sont donc pas les immigrés qui font baisser les salaires mais le patronat qui utilise tous les ressorts de la réglementation européenne.

Les immigrés n’ont jamais été aussi nombreux en France… Là encore mensonge, en 1981 ils représentaient 7 % de la population, en 2011 ils représentent 6 %.

La France serait la championne de l’immigration légale… Encore faux : en 2011 le Royaume-Uni a accueilli 550.000 immigrés, l’Allemagne 500.000, l’Italie 385.000 et la France, 267.000.

Et dernier bobard, le coût supposé de l’immigration. Une étude de 2009 conduite par l’Université de Lille à la demande du Ministère des Affaires Sociales (sous la présidence de Nicolas Sarkozy donc…) nous donne une vision bien différente appuyée sur des chiffres précis et non sur des élucubrations irrationnelles. L’immigration représente une charge de 47,9 milliards pour le budget global de la France. Ils se décomposent comme suit : retraites, 16,3 milliards d’euros ; aides au logement, 2,5 milliards ; RMI, 1,7 milliard ; allocations chômage, 5 milliards ; allocations familiales, 6,7 milliards ; prestations de santé, 11,5 milliards ; éducation, environ 4,2 milliards (ce chiffre est un approché car les élèves ne sont pas forcément identifiés comme « étrangers » ou comme « nationaux »)… En face de ces charges, il faut prendre en compte ce que les immigrés « rapportent » au budget de l’Etat, toutes contributions confondues : impôt sur le revenu, 3,4 milliards d’euros ; impôt sur le patrimoine, 3,3 milliards ; impôts et taxes à la consommation, 18,4 milliards ; impôts locaux et autres, 2,6 milliards ; contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) et contribution sociale généralisée (CSG), 6,2 milliards ; cotisations sociales, 26,4 milliards d’euros. Calculez vous-même, le solde est positif de 12,4 milliards.

Petite cerise sur le gâteau… 70 % des immigrés quittent la France au moment de leur retraite et regagnent leur pays d’origine… Ils cotisent donc à nos caisses de retraite sans jamais recevoir…

Pourquoi donc les thèses du Front National progressent-elles dans notre pays ? Elles font leur lit sur les conséquences de la crise profonde du capitalisme. Les catégories les plus fragiles sont directement victimes des jeux financiers qui caractérisent le capitalisme « moderne » et particulièrement du fonctionnement des fonds de pension américains et anglo-saxons. Pour pouvoir servir des retraites à leurs clients, ces fonds investissent sur toute la planète afin de dégager au plus vite et au plus fort taux possible des profits conséquents. Cela les conduit à jouer avec le potentiel industriel des pays visés en se désengageant dès que les revenus de leurs capitaux sont inférieurs à ce qu’ils attendaient… Les fermetures d’entreprises, les délocalisations qui en sont les conséquences sont donc le fait, entre autres, de ces jeux boursiers. Les salarié(e)s français(e)s payent ainsi les retraites hypothétiques de leurs homologues américains ou anglo-saxons et, au passage, engraissent les actionnaires des groupes financiers supports. Le discours du FN, relayé par la droite a pour objectif de masquer cette réalité. C’est ainsi qu’on fabrique de toute pièce cette idée que les responsables de la crise seraient les immigrés. Diviser la classe ouvrière, les salariés, les pauvres a toujours été le fondement des pratiques de la droite. Pendant que les pauvres se déchirent les plus gros s’enrichissent en toute discrétion.

Pour y parvenir d’ailleurs on n’hésite devant aucune ignominie et on fait circuler des prétendus calculs, des prétendus documents tous plus faux les uns que les autres et la rumeur enfle au point que chacun pense que c’est vrai… Une fois n’est pas coutume, je vous propose un lien vers le site de Rue 89 qui démonte un de ces mécanismes qui fait croire qu’en France il vaut mieux être au RSA que de travailler : http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/03/12/la-fable-bidon-de-la-famille-rsa-qui-gagne-plus-que-la-famille-salariee-240493

Et pour mettre un peu d'images, un lien vers la page du MRAP de Lille qui reprend à peu près les mêmes données que mon article:  http://www.mraplille.fr/article-pour-clouer-le-bec-a-un-raciste-120896969.html

dimanche 13 octobre 2013

Vive le travail le dimanche!



Le maître mot de toute cette affaire du travail le dimanche, c’est la liberté. En effet, j’ai écouté ce que disaient ces salarié(e)s, ce que disaient leurs patrons… Tous avaient en commun cet esprit de liberté qui souffle sur notre société. Enfin quand même, c’est vrai, pourquoi empêcherait-on ce père de famille, cette jeune diplômée de travailler quand ils –elles  le veulent ! Dans les entreprises, en France, nous avons cette chance que les salarié(e)s soient considéré(e)s comme des citoyens à part entière. Ils peuvent, c’est bien connu, décider des jours où ils – elles travailleront, des périodes où ils – elles prendront leurs congés… Ils peuvent même, du moins c’est ce que disent leurs patrons, contribuer aux grandes orientations de LEUR entreprise. L’adjectif possessif indique bien qu’ils – elles en sont les heureux propriétaires, eh oui, les mots ont un sens. D’ailleurs, si ces femmes et ces hommes veulent travailler le dimanche, ou le soir tard, c’est parce qu’ils – elles sont conscients, eux - elles, que c’est l’avenir même de LEUR entreprise dont il est question. C’est cette ouverture, le dimanche, le soir tard, qui la rend rentable, compétitive… Et pour les remercier d’un tel attachement à la santé entrepreneuriale, on leur accorde un salaire doublé ce jour là (c’est la loi !). Je ne sais pas très bien si le ON désigne un collectif (cette communauté d’intérêt qui fonde l’entreprise…) ou une personne indéterminée…. En tout cas, alléluia ! Ce que leurs syndicats arriérés, passéistes… n’ont jamais obtenu (une vraie augmentation de salaire), eux - elles, l’ont obtenu en faisant la preuve de leur sens de l’intérêt commun, ils – elles peuvent enfin travailler le dimanche et le soir ! Victoire ! La liberté a triomphé !

C’est cette jolie fable qu’on nous sert depuis que le droit a été dit : l’ouverture le dimanche est interdite pour la plupart des commerces. On nous la sert « pays des bisounours », comme si le contrat de travail était un contrat à égalité de situation. Le contrat de travail signé par le – la salarié(e) introduit, dans le droit, une relation de subordination. C’est l’employeur qui décide de la période des congés, c’est lui qui décide des horaires et des jours de travail. C’est lui qui fixe le cadre de la mission, de la responsabilité du – de la – salarié(e). La part de responsabilité, de liberté (pour utiliser ce mot à la mode) du – de la – salarié(e) est inexistante. Oser parler de la « liberté de travailler le dimanche » est une escroquerie intellectuelle et un non sens social. Tous les journalistes, les commentateurs, les hommes politiques (et les femmes) qui continuent de distiller cette imbécilité sont des escrocs, des manipulateurs, des menteurs… on peut continuer la liste ! Ouvrir des négociations pour discuter d’un assouplissement de la loi pour permettre l’ouverture le dimanche (et donc le travail) c’est un peu comme si les esclaves discutaient avec le maître pour choisir la longueur des chaines qui les entravent ! Il n’y a rien à négocier. Ce qui est en jeu est plus large que cela, c’est du pouvoir absolu du patron sur SES salarié(e)s qu’il conviendrait de parler mais ça, bien sûr, c’est exclu !