Mesdames, Messieurs les Maires du vignoble, Madame la Députée,
Plusieurs d'entre vous se sont
exprimés dans un dossier spécial de l'Hebdo de Sèvre et Maine en
date du 25 février dernier consacré au projet d'aéroport de Notre
Dame des Landes. Dans les arguments développés par certain-e-s on
voit revenir comme un leitmotiv autour du respect ou non de la
démocratie. C'est tout à votre honneur d'avoir ce souci. Il
conviendrait alors d'examiner attentivement les conditions dans
lesquelles ce projet a été élaboré et « vendu » aux
élu-e-s. Tout le projet quant à son intérêt voire sa nécessité
repose sur un travail conduit par la DGAC (Direction Générale de
l'Aviation Civile) un service de l’État dépendant directement du
Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie.
C'est à dire, pour faire simple, que l’État, pour justifier son
projet, fait réaliser par ses propres services le dossier qui sert
de « débat » aux élu-e-s. Avouez qu'en matière de
démocratie on peut faire beaucoup mieux.
Mais dans ce dossier il y a plus
encore, la DGAC justifie ses choix en s'appuyant sur des
« expertises » qu'elle cite dans son rapport mais qu'elle
ne communique à personne… Il a fallu plusieurs recours auprès de
la Commission d'Accès aux Documents Administratifs pour qu'elle
consente (par obligation) à communiquer une partie de ces
expertises. Les documents révèlent alors de larges failles, voire
des erreurs manifestes que d'aucun n'hésite pas à qualifier de
mensonges. Par exemple, dans le dossier examinant l'alternative de
réaménagement de Nantes Atlantiques la DGAC appuie ses calculs sur
des préconisations qui vont au-delà des préconisations de la DGAC
elle-même… Elle indique par exemple que la reconstruction du
chenil (120 m² d'enclos et de 70 m² de bureaux) se monterait à 600
000 € soit un coût de 3157 € du m² ! La même DGAC prévoit
à Nantes-Atlantique de porter la piste à 3600 m alors que la plus
longue des pistes à Notre Dame des Landes est de 2900 m (la même
longueur que la piste actuelle)…
Le Canard enchaîné, de son, côté,
se procure le dossier de demande de permis de construire du projet
d'aéroport et on y découvre que la nouvelle zone d'accueil des
passagers sera de 2 670 m2, alors qu'elle est de 4 200 m2 à
Nantes-Atlantique. Il y aura 28 comptoirs d'enregistrements, dont 16
"conventionnels", et 12 "simplifiés", c'est à
dire automatiques (c'est bon pour l'emploi...°). A
Nantes-Atlantique, il y en a actuellement 34. La zone de sûreté
passerait de 8 postes à 7. Les salles d’embarquement auront une
superficie de 2 850 m2 contre 3 775 actuellement. Les passerelles
passent de 5 à 2, et les parkings pour les avions, de 23 à 20
places… Comprenne qui pourra !
Voilà pour les éléments constitutifs du dossier du nouvel
aéroport. Peut-on encore parler de démocratie et de respect des
élu-e-s??
Maintenant la question
économique...Plusieurs d'entre vous reprennent à leur compte le
discours sur le développement économique de notre région, sur les
emplois créés… Sur quoi vous basez-vous pour affirmer ainsi que
le transfert d'aéroport du sud au nord va générer plus
d'activités, plus d'emplois et plus de développement ? En quoi
le nouveau site provoquerait ainsi ce « boom »
économique ? Aucune étude sérieuse n'a été réalisée,
aucune étude ne permet d'affirmer cela. Pourtant cela aurait pu être
fait… Le Président de l'Association des Ailes pour l'Ouest, Alain
Mustière, a occupé pendant 9 ans le poste de Président du CESR
(devenu CESER). Il était donc à même de s'autosaisir d'une telle
étude à défaut d'une saisine de l’État ou de la Région…
Rien ! Pas question de mettre tout cela sur la table.
On nous parle du chantier et pour
faire bonne mesure on parle en millions d'heures de travail (5,4
selon les porteurs du projet, 3500 emplois)… En chiffres plus
lisibles pour chacun-e d'entre nous, c'est, en réalité, 750
équivalents temps pleins pour la durée du chantier (4 années).
Mais les entreprises qui seront retenues ont déjà leurs salariés,
certaines auront recours aux sous-traitants et à des salariés « à
bon compte » venus de pays socialement moins contraignants…
Alors de quels emplois parle-t-on ? Pire, où s'installeront les
entreprises aujourd'hui basées autour de l'aéroport ? Pour
l'instant rien de prévu à Notre Dame des Landes. Actuellement
basées à proximité immédiate du périphériques, de la gare de
fret et du port, quel intérêt pour elles de réinvestir dans des
nouveaux locaux éloignés des infrastructures actuelles ? Quid
de l'emploi en sud Loire ? Autant de questions qui sont laissées
dans l'ombre, dans le non dit et qui révèlent ainsi la supercherie.
Il serait donc bon que les élu-e-s du vignoble puissent disposer des
éléments objectifs, fiables et sérieux avant de reprendre ce
refrain du développement économique et des bienfaits du projet
d'aéroport.
Et pour terminer, pour montrer
encore mieux en quoi le dossier Notre Dame des Landes est un
détournement démocratique, un petit détour par les questions
environnementales… Tous les experts qui ont travaillé sur le site
et les conséquences que fait courir la construction d'un aéroport
sur la zone bocagère de Notre Dame des Landes sont d'accord, le
projet met gravement en cause la biodiversité du site. C'est
d'ailleurs pour cette raison que l'Union Européenne a « épinglé »
l’État français pour le non respect des dispositions de
protection de l'environnement. Le premier Ministre lui-même s'est
laissé aller récemment à énoncer des contre-vérités flagrantes
sur la prétendue menace que fait courir l'actuel aéroport sur la
lac de Grand Lieu, battant en brèche tous les travaux conduits
depuis plusieurs années dont ceux de Loïc Marion, ancien directeur
de la réserve naturelle. Ces déclarations de Manuel Valls ont été
faites alors même qu'un rapport de la DREAL réalisé en 2014
indique que « les survols du lac par les avions en phase
d'atterrissage à Nantes-Atlantique ne seraient pas nuisibles aux
milliers d'oiseaux qui y trouvent refuge ». Et souligne que
« le transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes
ouvrirait la porte à l'urbanisation des terres situées autour de
lac de Grand-Lieu, avec à la clé une "imperméabilisation
qui serait préjudiciable aux équilibres écologiques de la
réserve". Le
directeur adjoint de la DREAL s'est empressé de préciser : "C'est
un document d'information qui ne s'inscrit dans aucune procédure et
qui n'avait donc pas vocation à être rendu public".
Et vous voudriez encore qu'on nous parle de démocratie ?
Pour toutes ces raisons, il me
semble que les propos que plusieurs d'entre vous ont tenu récemment
dans l'Hebdo de Sèvre et Maine auraient besoin d'être relativisés
et replacés dans un contexte moins empirique, plus soucieux de
l'avenir à long terme de notre territoire en lien avec les
dispositions de la COP 21.
Bien respectueusement,
Jean-Marie Morel
Citoyen engagé pour l'avenir de la
planète
Ci-dessous clip réalisé par une jeune graphiste que nous nommerons Camille (elle souhaite rester anonyme car en recherche d'emploi) comme une contribution à la lutte contre ce grand projet inutile. Elle s'est servie de la lettre ouverte. Qu'elle soit remerciée pour ce travail et cette action citoyenne.
Ci-dessous clip réalisé par une jeune graphiste que nous nommerons Camille (elle souhaite rester anonyme car en recherche d'emploi) comme une contribution à la lutte contre ce grand projet inutile. Elle s'est servie de la lettre ouverte. Qu'elle soit remerciée pour ce travail et cette action citoyenne.