vendredi 11 mars 2016

Lettre ouverte aux Maires du Vignoble et à la Députée

Mesdames, Messieurs les Maires du vignoble, Madame la Députée,

Plusieurs d'entre vous se sont exprimés dans un dossier spécial de l'Hebdo de Sèvre et Maine en date du 25 février dernier consacré au projet d'aéroport de Notre Dame des Landes. Dans les arguments développés par certain-e-s on voit revenir comme un leitmotiv autour du respect ou non de la démocratie. C'est tout à votre honneur d'avoir ce souci. Il conviendrait alors d'examiner attentivement les conditions dans lesquelles ce projet a été élaboré et « vendu » aux élu-e-s. Tout le projet quant à son intérêt voire sa nécessité repose sur un travail conduit par la DGAC (Direction Générale de l'Aviation Civile) un service de l’État dépendant directement du Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie. C'est à dire, pour faire simple, que l’État, pour justifier son projet, fait réaliser par ses propres services le dossier qui sert de « débat » aux élu-e-s. Avouez qu'en matière de démocratie on peut faire beaucoup mieux.

Mais dans ce dossier il y a plus encore, la DGAC justifie ses choix en s'appuyant sur des « expertises » qu'elle cite dans son rapport mais qu'elle ne communique à personne… Il a fallu plusieurs recours auprès de la Commission d'Accès aux Documents Administratifs pour qu'elle consente (par obligation) à communiquer une partie de ces expertises. Les documents révèlent alors de larges failles, voire des erreurs manifestes que d'aucun n'hésite pas à qualifier de mensonges. Par exemple, dans le dossier examinant l'alternative de réaménagement de Nantes Atlantiques la DGAC appuie ses calculs sur des préconisations qui vont au-delà des préconisations de la DGAC elle-même… Elle indique par exemple que la reconstruction du chenil (120 m² d'enclos et de 70 m² de bureaux) se monterait à 600 000 € soit un coût de 3157 € du m² ! La même DGAC prévoit à Nantes-Atlantique de porter la piste à 3600 m alors que la plus longue des pistes à Notre Dame des Landes est de 2900 m (la même longueur que la piste actuelle)…

Le Canard enchaîné, de son, côté, se procure le dossier de demande de permis de construire du projet d'aéroport et on y découvre que la nouvelle zone d'accueil des passagers sera de 2 670 m2, alors qu'elle est de 4 200 m2 à Nantes-Atlantique. Il y aura 28 comptoirs d'enregistrements, dont 16 "conventionnels", et 12 "simplifiés", c'est à dire automatiques (c'est bon pour l'emploi...°). A Nantes-Atlantique, il y en a actuellement 34. La zone de sûreté passerait de 8 postes à 7. Les salles d’embarquement auront une superficie de 2 850 m2 contre 3 775 actuellement. Les passerelles passent de 5 à 2, et les parkings pour les avions, de 23 à 20 places… Comprenne qui pourra !

Voilà pour les éléments constitutifs du dossier du nouvel aéroport. Peut-on encore parler de démocratie et de respect des élu-e-s??

Maintenant la question économique...Plusieurs d'entre vous reprennent à leur compte le discours sur le développement économique de notre région, sur les emplois créés… Sur quoi vous basez-vous pour affirmer ainsi que le transfert d'aéroport du sud au nord va générer plus d'activités, plus d'emplois et plus de développement ? En quoi le nouveau site provoquerait ainsi ce « boom » économique ? Aucune étude sérieuse n'a été réalisée, aucune étude ne permet d'affirmer cela. Pourtant cela aurait pu être fait… Le Président de l'Association des Ailes pour l'Ouest, Alain Mustière, a occupé pendant 9 ans le poste de Président du CESR (devenu CESER). Il était donc à même de s'autosaisir d'une telle étude à défaut d'une saisine de l’État ou de la Région… Rien ! Pas question de mettre tout cela sur la table.

On nous parle du chantier et pour faire bonne mesure on parle en millions d'heures de travail (5,4 selon les porteurs du projet, 3500 emplois)… En chiffres plus lisibles pour chacun-e d'entre nous, c'est, en réalité, 750 équivalents temps pleins pour la durée du chantier (4 années). Mais les entreprises qui seront retenues ont déjà leurs salariés, certaines auront recours aux sous-traitants et à des salariés « à bon compte » venus de pays socialement moins contraignants… Alors de quels emplois parle-t-on ? Pire, où s'installeront les entreprises aujourd'hui basées autour de l'aéroport ? Pour l'instant rien de prévu à Notre Dame des Landes. Actuellement basées à proximité immédiate du périphériques, de la gare de fret et du port, quel intérêt pour elles de réinvestir dans des nouveaux locaux éloignés des infrastructures actuelles ? Quid de l'emploi en sud Loire ? Autant de questions qui sont laissées dans l'ombre, dans le non dit et qui révèlent ainsi la supercherie. Il serait donc bon que les élu-e-s du vignoble puissent disposer des éléments objectifs, fiables et sérieux avant de reprendre ce refrain du développement économique et des bienfaits du projet d'aéroport.

Et pour terminer, pour montrer encore mieux en quoi le dossier Notre Dame des Landes est un détournement démocratique, un petit détour par les questions environnementales… Tous les experts qui ont travaillé sur le site et les conséquences que fait courir la construction d'un aéroport sur la zone bocagère de Notre Dame des Landes sont d'accord, le projet met gravement en cause la biodiversité du site. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'Union Européenne a « épinglé » l’État français pour le non respect des dispositions de protection de l'environnement. Le premier Ministre lui-même s'est laissé aller récemment à énoncer des contre-vérités flagrantes sur la prétendue menace que fait courir l'actuel aéroport sur la lac de Grand Lieu, battant en brèche tous les travaux conduits depuis plusieurs années dont ceux de Loïc Marion, ancien directeur de la réserve naturelle. Ces déclarations de Manuel Valls ont été faites alors même qu'un rapport de la DREAL réalisé en 2014 indique que « les survols du lac par les avions en phase d'atterrissage à Nantes-Atlantique ne seraient pas nuisibles aux milliers d'oiseaux qui y trouvent refuge ». Et souligne que « le transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes ouvrirait la porte à l'urbanisation des terres situées autour de lac de Grand-Lieu, avec à la clé une "imperméabilisation qui serait préjudiciable aux équilibres écologiques de la réserve". Le directeur adjoint de la DREAL s'est empressé de préciser : "C'est un document d'information qui ne s'inscrit dans aucune procédure et qui n'avait donc pas vocation à être rendu public". Et vous voudriez encore qu'on nous parle de démocratie ?

Pour toutes ces raisons, il me semble que les propos que plusieurs d'entre vous ont tenu récemment dans l'Hebdo de Sèvre et Maine auraient besoin d'être relativisés et replacés dans un contexte moins empirique, plus soucieux de l'avenir à long terme de notre territoire en lien avec les dispositions de la COP 21.

Bien respectueusement,

Jean-Marie Morel
Citoyen engagé pour l'avenir de la planète

Ci-dessous clip réalisé par une jeune graphiste que nous nommerons Camille (elle souhaite rester anonyme car en recherche d'emploi) comme une contribution à la lutte contre ce grand projet inutile. Elle s'est servie de la lettre ouverte. Qu'elle soit remerciée pour ce travail et cette action citoyenne.

 https://drive.google.com/file/d/0Bw9vtd0n0-SnYkJncHZKRnJRSTA/view

mardi 19 janvier 2016

La Haye-Fouassière: monarchie absolue?

Lors de la cérémonie des vœux, le Maire de la commune, Jean-Pierre Bouillant, annonce que la ZAC de la rue de la Sèvre ne se fera pas… Dossier engagé lors de son mandat précédent et faisant partie de son nouveau programme…
M. le Maire et ses adjoints avaient largement oublié que le projet se faisait à proximité de l'ancienne décharge, zone particulièrement polluée…

Mais qu'à cela ne tienne lors de cette cérémonie des vœux, puis dans la presse locale, nous apprenons que « De nouvelles études prévoient donc entre 65 et 70 logements ainsi qu'un pôle commercial comprenant une supérette et des cellules individuelles » (Presse-Océan 19/01/2016). De nouvelles études… décidées quand ? Pas en Conseil Municipal en tout cas puisque la dernière évocation de la ZAC remonte au mois de mai 2015 :

Extrait de compte-rendu (disponible sur le site de la Mairie)
3.2. ZAC de la Rue de la Sèvre
Compte rendu annuel de l’aménageur
Conformément à l’article 22 du Traité de Concession signé le 4 mars 2014 avec CMCIC Aménagement Foncier, le Conseil municipal, à l’unanimité, approuve le Compte Rendu Annuel de la Concession (CRAC) relatif à l’aménagement de la ZAC et présenté au titre de l’année 2014-2015

En ce jour de cérémonie, les deux élu-es de l'opposition qui siègent dans la commission ad-hoc apprennent ainsi que Monsieur le Maire a décidé d'un nouveau projet. Il n'est d'ailleurs pas sûr que ses propres co-listier-e-s qui ne font pas partie de la garde rapprochée aient eu l'information. Pourtant l'adjoint à l'aménagement et au cadre de vie indique dans la presse que le projet a été présenté aux commerçant hayonnais le 23 novembre 2015… Il indique d'ailleurs que « certains sont inquiets »… Il y a de quoi !

Ainsi en est-il à La Haye-Fouassière, le « monarque municipal » fait faire des études, décide,et engage le Conseil Municipal sans que celui-ci n'ait eu son mot à dire. D'ailleurs, dans le dernier bulletin municipal on apprend également que Monsieur le Maire a fait réaliser une étude de revalorisation sur l'actuel emplacement de la supérette… Là aussi, ni la commission, ni le Conseil Municipal n'ont été associés… Démocratie, démocratie ou toute puissance de l'édile municipal ? A vous de choisir !

samedi 29 août 2015

La France malade du Parti Socialiste

J'avais cet article en tête depuis plusieurs mois mais je trouvais toujours une bonne raison de le remettre à plus tard… Des échanges récents, en famille, avec des amis m'ont incité à le mener à son terme…

LA FRANCE EST MALADE DU PARTI SOCIALISTE...

Je vois déjà les commentaires : excessif comme d'habitude, c'est trop d'honneur pour un parti déjà fossilisé, c'est de l'antisocialisme primaire, et alors qu'est ce qu'on en a à faire… Bref, toujours difficile de dire les choses sans aussitôt être qualifié de gauchiste, d'allié objectif de la droite, de fossoyeur de la gauche…

Il ne faut surtout pas à quelques mois d'élections créer de division « à gauche »… mais comme on vote très régulièrement, il n'est jamais venu le bon moment de mettre sur la table ce qui pose problème… Tant pis je m'y risque en espérant que les lectrices et les lecteurs prendront la peine de réfléchir aux arguments, à l'analyse sans verser dans la caricature ou le repli défensif.

En France, sous les Républiques, nous avons toujours connu des visions, des offres politiques bien distinctes et qui considéraient qu'il y avait des divergences profondes quant au système politique, social ou économique. De manière très claire il y avait le camp des partisans du capitalisme et de l'autre le camp des partisans du socialisme. Dans les deux camps il existait également des nuances , à droite entre les libéraux purs et durs et les libéraux sociaux (sic), à gauche entre ceux qui croyaient à un socialisme contraint et ceux qui espéraient un socialisme de libertés…

Dans ce paysage, le Parti Communiste Français né au Congrès de Tours a longtemps fait figure de défenseur des plus faibles, des ouvriers et des employés. Il s'est construit dans la chimère du paradis socialiste soviétique fuyant le plus longtemps possible la reconnaissance des crimes staliniens et de l'échec d'un socialisme autoritaire et liberticide. Cette posture a conduit à ce que son discours anticapitaliste soit décrédibilisé, les informations dont on disposait au fil du temps mettant en porte à faux un parti politique prétendant incarner une alternative démocratique.

De son côté l'ex SFIO qui n'avait pas suivi les décisions du Congrès de Tours se fourvoie dans les guerres coloniales abandonnant ainsi le principe de la solidarité ouvrière internationale et finalement disparaît dans les débuts du gaullisme triomphant. A gauche ne reste comme principale force que le PCF. C'est dans ce contexte que, lors des Présidentielles de 1969, le candidat du PCF, Jacques Duclos arrive en troisième position (21,27%) à deux points seulement d'Alain Poher (23,31%) pendant que le candidat « socialiste » Gaston Defferre (SFIO) atteint péniblement les 5 % devant Michel Rocard (PSU) à 3,61 %. On peut alors penser que c'est cet événement qui va conduire François Miterrand après avoir créé la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste à engager la démarche de création du Parti Socialiste qui aboutira au Congrès d'Epinay en juin 1971. Bien que sa motion n'obtienne que 15 % des voix, Miterrand en s'alliant avec Mauroy, Deferre et Chevénement prend la direction du Parti Socialiste. Son discours de fin de congrès est fortement ancré à gauche : "Celui qui n'accepte pas la rupture, celui qui ne consent pas à la rupture avec l'ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là n'a pas sa place au Parti Socialiste" .

Miterrand négocie alors un programme de Gouvernement avec le PCF faisant promesse d'avoir des ministres communistes. C'est le programme commun signé dès 1972. Le Parti Socialiste s'est fixé comme objectif de devenir la force dominante à gauche, Pierre Mauroy avait été très explicite lors de ce congrès d'Epinay : « Une gauche dominée par le Parti Communiste n'a aucune chance d'accéder au pouvoir. Une gauche dominée par le Parti Communiste serait le plus beau cadeau que nous pourrions faire à l'UNR. » C'est donc dans ce contexte que la Parti Socialiste va se structurer : un discours anticapitaliste pour reprendre des voix au PCF, une stratégie de domination pour écarter le même PCF. C'est une stratégie gagnante, le PS distance rapidement le PCF, celui-ci devient force d'appoint dès mai 1981 et son histoire jusqu'à aujourd'hui, sera celle d'un recul électoral quasi inéluctable d'abord aux Présidentielles mais également aux législatives qui suivent (Marchais 15,35 % en 1981, Lajoinie 6,76 % en 1988, Hue 8,64 % en 1995, et 3,37 % en 2002, Buffet 1,93 % en 2007).

Toute la vie politique de la fin du XXème siècle se structure donc dans l'imaginaire social ou dans la conscience des citoyennes et des citoyens sur cette idée assez simple : la droite c'est l'UNR puis l'UDR puis l'UMP et la gauche c'est le Parti Socialiste. Le discours du PS garde les symboles de la gauche, le nom même entretient la croyance populaire. Il y aurait d'un côté les tenants naturels du capitalisme et de l'autre une force démocratique qui viserait à un partage des richesses. Je pense d'ailleurs que pour beaucoup de militant-e-s du PS cette croyance existe toujours… et de bonne foi sans doute. Pourtant la réalité est tout autre, le Parti Socialiste n'a de socialiste que le nom. Il dit de manière très claire qu'il ne met pas en cause la capitalisme mais qu'il cherche à le rendre moins rude pour les plus faibles. Il invente même des concepts dont on cherche encore la signification, ainsi dans le programme de 2012 on trouve comme objectif, « l'économie sociale de marché ». Comme si le marché pouvait avoir une visée sociale… Il faut être naïf ou inculte en économie pour imaginer pareille ânerie. Peu importe ce qui est visé c'est de continuer à faire croire que le PS est la gauche, que sans lui il n'y a pas d'avenir, pas de prise du pouvoir… 

Il est aujourd'hui au pouvoir. En 2012, au lendemain de l'épisode Présidentielle-Législative, il détient, à lui seul, tous les leviers puisqu’il dirige la quasi totalité des régions et plus de 60 % des départements et la plupart des grandes villes. On a rarement connu une telle situation pour la gauche… Tout est donc réuni pour faire une politique de gauche. Je cite pêle-mêle et sans hiérarchie les propositions du PS de 2012 : sortir de la dépendance au nucléaire, refuser le recours aux emplois précaires, égalité hommes-femmes, renchérir le coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent des dividendes, généralisation des achats publics vers l’agriculture et la pêche de proximité (lait et laitages, viandes, fruits et légumes), soumettre les revenus du capital au barème de l’impôt surle revenu, surtaxe de 15 % de l’impôt sur les sociétés acquittée par les banques et les établissements financiers, revalorisation du pouvoir d’achat du SMIC, plafonnement des écarts de rémunérations de 1 à 20 au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital…. Nous pourrions poursuivre ainsi la liste de tout ce que vous auriez aimé voir réaliser mais qui ne l'a pas été. En échange vous avez eu la loi Macron qui libéralise encore plus le transport collectif en jetant sur les routes des autocars, qui autorise le travail le dimanche (sans doute une revalorisation du travail…), vous aurez très bientôt la suppression des prud'hommes, le nucléaire se porte bien, je vous remercie, Fessenheim tourne toujours et la transition énergétique reste un beau slogan. Évidemment rien du côté réforme fiscale, rien du côté des rémunérations des dirigeants des grandes entreprises dont l’État est actionnaire, le SMIC c'est toujours rien, on projette la suppression du CDI pour faciliter la souplesse (sic)… Bref un programme qui pouvait avoir les apparences d'une politique de gauche qui a laissé la place à une politique ultra-libérale dont on peine à distinguer les différences avec celle de la droite. 

Cerise sur le gâteau mais ce n'est pas nouveau, le PS a fait sienne l'antienne de la compétitivité. Il faut être compétitif, il faut s'inscrire dans la compétition internationale, « faire la course en tête », « dans un monde qui va de l’avant, il faut rester compétitifs »… Un modèle dépassé totalement inspiré de la philosophie libérale qui se repeint de quelques considération sociales un peu, d'ailleurs, dans la lignée d'Adam Smith, le théoricien du libéralisme qui invite l’État à être gardien de l'intérêt général, qui stipule que la logique d'un marché libre et concurrentiel ne doit pas s'étendre à la sphère financière… Étrange écho aux discours actuels des dirigeants socialistes... qui se parent du modernisme comme Emmanuel Macron alors même que leur théorie date du XVIII ème siècle!

Nous sommes donc aujourd'hui dans une situation dramatique où, pour les citoyennes et les citoyens, gauche et droite c'est le même résultat : augmentation de la précarité, pauvreté accrue, chômage record, inégalités croissantes… Pour les femmes et les hommes de gauche il reste de larges ambiguïtés : Peut-on espérer un vrai changement avec un parti dominant à gauche mais qui a fait siens les mirages du libéralisme ? Peut-on rompre avec cette idée que le PS c'est la gauche et donc imaginer construire une alternative au libéralisme, au capitalisme ? Ne pas voter pour le PS ce serait faire gagner la droite, voire l'extrême droite… C'est une autre forme du discours habituel :There is no alternative... C'est sur cette base que les françaises et les français se prononcent lors des scrutins, c'est aussi sur cette base qu'ils-elles jugent de la politique menée. Ainsi aujourd'hui, ils-elles condamnent non pas le PS mais la gauche… Parce qu'on a entretenu via les discours, via les camouflages politiques, l'idée qu'en dehors du PS la gauche n'existe pas… Le PS c'est la gauche ! Et pour le coup il faut se rappeler les propos de Pierre Mauroy cités plus hauts. Ce n'est plus le PC qui sert d'épouvantail mais le FN qui sert d'alibi à la nécessité de se ranger derrière le PS. La France est malade de cette situation puisque dans la tête de nos concitoyennes, de nos concitoyens la seule alternative devient le FN que les médias nous présentent comme la seule force politique qui n'a jamais gouverné et qui, par voie de conséquence, ne serait pas responsable de la situation. C'est le relais du discours Lepéniste sur l'UMPS… Mais ce discours repose sur un constat malheureusement partagé par les citoyennes et les citoyens et qui s'avère conforme à ce que nous vivons : la politique économique et sociale du PS n'est guère différente de celle conduite par l'ex UMP et ses alliés. Elle conduit aux mêmes résultats.

Les tentatives des militants socialistes sincères de recentrer la politique de leur parti, du gouvernement autour des valeurs de la gauche est vouée à l'échec parce que ce qui se joue va bien au-delà des frontières… L'oligarchie au pouvoir dans la plupart des pays européens, celle qui dirige l'Union Européenne a bien compris qu'en France il fallait continuer à faire croire qu'il existe deux forces antagonistes seules susceptibles de gouverner de manière responsable : le PS censé incarner la gauche et Les Républicains incarnant la droite… La richesse de la vie politique française est ainsi convertie de force au bi-partisme anglo-saxon.

Il n'y a pas d'autre solution aujourd'hui, pour sortir de l'impasse du libéralisme, que de faire émerger d'autres perspectives, sur d'autres logiques et avec d'autres manières d'agir. La gauche en tant que telle, construite autour du PS, est morte. N'avoir de visée que les prochaines échéances électorales pour éviter le retour de la droite n'a pas de sens. Nous devons nous inscrire dans une perspective à long terme pour mettre à mal l'idéologie dominante qui fait croire que nous devons nous plier aux nouvelles réalités économiques ( le marché mondialisé…) et qui refuse aux citoyennes et aux citoyens la possibilité de participer au débat. Les mutualisations, les fusions, les grandes régions que la Loi Notre met en œuvre sont une autre forme de l'intégration européenne dont on voit bien que le seul objectif est d'éloigner les peuples des lieux de décisions afin de faire accepter par défaut ou par la force les conceptions économiques des classes dirigeantes. Conceptions dont tout le monde a bien compris qu'elles visaient à enrichir les puissants et à concentrer tous les pouvoirs dans leurs mains. C'est bien une étape finale dans la lutte des classes. A nous d'y faire échec.


29 août 2015

J'avais commencé cet article avant les déclarations de Macron devant le MEDEF.... Étrange écho! Mais j'ai décidé de ne pas en rajouter, la réalité de ses propos, le soutien du premier Ministre sont autant d'éléments qui viennent conforter mon propos.

Ma modeste contribution de citoyen à l'actualité politique du moment.

Posted by Jean Marie Morel on samedi 29 août 2015



mardi 21 juillet 2015

Le Vignoble Nantais n'est plus une démocratie

Démocratie ou oligarchie ?


La démocratie est un régime politique où le pouvoir est exercé par le peuple (en grec ancien démos = peuple, kratos = pouvoir). Ce qui implique que le peuple décide de ce qui est bon pour lui sous des formes diverses passant, suivant la taille des communautés, du consensus (qui permet d'allier les points de vue différents) au vote désignant une majorité (c'est alors son point de vue qui l'emporte) et une minorité.

L'oligarchie c'est, au contraire, le pouvoir de quelques uns sur le grand nombre (en grec ancien oligos = petit, arkhos = commander). C'est un système de gouvernement où une petite classe « dominante » décide des grandes orientations. Les oligarchies de fait sont les sociétés dont le gouvernement est constitutionnellement et démocratiquement ouvert à tous les citoyens mais où en fait ce pouvoir est confisqué par une petite partie de ceux-ci.

Ce passage par des définitions me parait nécessaire pour aborder la question de la gestion des municipalités, des communautés de communes du vignoble nantais. Depuis quelques semaines la presse fait état de discussions, de réflexions conduites par les Maires ou, dans quelques rares cas, par les Conseils Municipaux sur l'évolution de l'organisation politique de notre territoire de vie. Ainsi certain-e-s envisagent de fusionner leurs communes pour n'en former qu'une, plus grande et donc susceptibles selon eux de mieux répondre aux besoins de leurs concitoyen-ne-s. D'autres envisagent de fusionner leurs Communautés de Communes avec la même analyse, on fera mieux avec moins de moyens.

La question qui se pose au simple citoyen que je suis c'est celle-ci : qui doit décider de l'organisation politique et administrative de mon lieu de vie ? Qui a mandat du peuple pour décider de cela.

Deux réponses possibles :

En démocratie (cf la définition ci-dessus) c'est au peuple qu'il appartient de décider. Pour qu'il puisse le faire, il convient de l'associer aux réflexions, aux échanges… Il faut aussi qu'il dispose des informations quant aux projets en cours ou à venir, qu'il puisse en dire ce qu'il en pense. Fort-e-s de cette réflexion, les citoyennes et les citoyens pourront exercer le pouvoir qui est le leur en démocratie : décider de ce qui est bon pour elles, pour eux.

Dans un système oligarchique (toujours en référence aux définitions ci-dessus), la petite classe dominante (autoproclamée ou désignée) considère que c'est à elle que revient ce choix, elle dispose des informations (qu'elle ne communique pas ou à dose très homéopathique), elle détient les clés des projets puisqu’elle les a elle-même conçus. Elle va donc décider de l'avenir de la communauté dont elle exerce le pouvoir.

Nous sommes très exactement, dans le vignoble nantais, dans ce deuxième cas. Les Maires se réunissent, élaborent et orientent le projet futur. Certains (Chateau-Thébaud et Saint Fiacre) condescendent à livrer quelques informations à la population via une réunion publique mais en s'empressant d'indiquer qu'il n'est pas possible de demander l'avis des citoyennes et des citoyens (motif invoqué : les élections régionales en décembre et « le temps imparti »). Pour le cas de fusion des Communautés de Communes Sèvre Maine et Goulaine avec la Vallée de Clisson, l'opacité la plus totale règne, les conseillères municipales et les conseillers municipaux sont eux-mêmes tenu-e-s écarté-e-s des tergiversations des maîtres (ce n'est ni une faite de frappe ni une faute de français) des communes concernées. Quant aux citoyennes et aux citoyens… rien. Silence sur toute la ligne.

Dans le vignoble nantais la démocratie républicaine a laissé sa place à l'oligarchie. Face à ce type de régime il n'y a pas d'autres solutions que l'expression du peuple afin de mettre fin à un régime qui ne peut conduire qu'à une explosion, le plus grand nombre n'acceptant plus la domination d'une élite restreinte auto-proclamée de dirigeants politiques, de chefs d'entreprises, d'acteurs financiers, de journalistes influents."

dimanche 19 juillet 2015

L'Humour noir de Jean Pierre Bouillant

(Maire de La Haye Fouassière, Président de la Communauté de Communes "Sèvre, Maine et Goulaine")

Jean Pierre Bouillant est Maire de la Commune depuis mars 2001... Il siège au Conseil Municipal depuis 1989... Et il déclare dans l'Hebdo de Sèvre et Maine daté du 16 juillet 2015 "Gouverner, c'est prévoir".... Mais dans ce même numéro du journal local deux dossiers retiennent l'attention, celui de la piscine et celui du commerce local. Dans le dossier piscine il faut remonter aux dernières élections municipales de 2008 pour trouver une trace de la prévision de fermeture de la piscine des Hauts Thébaudières (inadaptée, vétuste et situé au sein de l'institut qui en est propriétaire...). Mais quand à prévoir c'est sur les documents de la liste d'opposition de l'époque qu'on en trouve trace. M. Bouillant et ses co-listiers n'avait visiblement rien prévu. D'ailleurs durant leur mandat (2008/2014) les choses se sont précisées et la fermeture prochaine annoncée... Mais sans doute M. Bouillant n'était pas en mesure de gouverner puisque gouverner c'est prévoir... Il n'a donc rien prévu. Le Président de l'ASAG natation (association hayonnaise forte de 375 membres)...se lâche d'ailleurs dans l'Hebdo : "Les associations ont manqué d'information... On aurait pu trouver une autre issue.  Devancer les choses. Avoir d'autres orientations. Mais il aurait fallu le faire il y a longtemps." En fait il aurait fallu prévoir pour pouvoir gouverner. Le plus drôle dans cette histoire c'est que l'épouse du dit président était à cette époque adjointe de Jean Pierre Bouillant, elle l'est toujours d'ailleurs et, fi du cumul, conseillère départementale depuis mars 2015... Entre temps les associations sportives utilisatrices de la piscine ont licencié une dizaine de personnes (éducateurs sportifs, maitre-nageurs...). Gouverner c'est prévoir nous dit l'édile...

Autre dossier l'avenir du commerce dans le bourg... Pour rendre le commerce plus dynamique, la commune réfléchit... Bah oui, il faut bien... Ils ne sont là que depuis quelques mois... Ah non c'est vrai le premier d'entre eux est aux commandes depuis 14 ans... 14 ans, c'est sûr c'est une peu court pour réfléchir à l'aménagement commercial du centre bourg...Gouverner c'est prévoir nous dit Jean Pierre Bouillant. Depuis qu'il est Maire 5 commerces ont fermé... La supérette survit dans des locaux municipaux vétustes, inadaptés et qui tournent le dos à la vie du bourg... Comme gouverner c'est prévoir, il aurait sans doute fallu s'en apercevoir... à temps. Mais 14 ans c'est bien court.  Un commerçant s'exprime dans le même journal et que dit-il?: "Il faut avoir un vrai projet"(*)... . Alors M. le Maire a un projet, (il prévoit pour pouvoir gouverner), un projet bien à lui, dont il  a débattu avec lui-même et pour lequel il  est assez d'accord avec soi.... Une moyenne surface à 1,5 km du bourg au milieu de la zone artisanale ou un peu plus près mais en lieu et place de vignes... Ça, c'est du projet pour l'avenir du bourg et de ses commerces.... C'est sûr pour les personnes âgées, 3 km de marche à pied pour aller faire c'est courses c'est bon pour entretenir son cœur... Et puis pour les autres commerçants, la "locomotive" du commerce local à l'extérieur de la commune c'est une riche idée... Gouverner c'est prévoir. M. Bouillant a vraiment beaucoup d'humour... Il fait classer deux zones dans le SCOT pour cette moyenne surface mais il dit lui même (ça ne s'invente pas): "Le premier lieu à la sortie est compliqué en raison de la présence de vignes. Le second au Pâtis est conditionné à l'accord des communes voisines." Gouverner c'est prévoir!!!!!

19 juillet 2015

(*)Le projet désigne une notion concrète, incluant la planification, l'anticipation des risques, les acteurs impliqués...

vendredi 27 mars 2015

J'ai participé aux aux Assises de l'École et de ses partenaires pour les valeurs de la République...

J'ai participé aux aux Assises de l'École et de ses partenaires pour les valeurs de la République dans le cadre des réunions « infradépartementales »… C'est ainsi que le représentant de l'Education Nationale les a nommées…

Première impression… un échantillon de technocrates de l'éducation, costume cravate, petit tailleur avec un soupçon « libertaire » d'écharpe colorée… et tous ces gens se tiennent bien entre eux, je te bise par ci, je te bise par là, on se tapote l'épaule… mais on reste bien entre soi… Ensuite ce sont les discours, empreints de suffisance, « moi qui sait, qui détient le pouvoir... », formules ampoulées mais surtout un vide sidéral… Rien sur le fond, rien sur la réalité de l'école, sur l'engagement des enseignant-e-s, sur le travail des associations… et pour cause. Ces beaux messieurs et ces belles dames sont là pour nous mobiliser ! Eh oui, depuis bien des lustres, les enseignant-e-s, les associations complémentaires de l'école publique se tournent les pouces, enfilent des perles et se demandent bien ce qu'elles vont pouvoir faire !!! Heureusement, la Ministre et ses penseurs sont là pour NOUS MOBILISER !!!! Entre le discours du représentant de l'Education Nationale (façon François Lenglet dans le physique comme dans les propos…) et celui de la Sous-préfète, le mot laïcité n'est pas prononcé… Mais nous sommes saufs, ils vont NOUS MOBILISER vous dis-je…
Ensuite vient l'apport de l'historien de service, un IPR d'histoire-géographie qui nous apprend comment s'est construite la République, l'école laïque, gratuite et obligatoire… bref tout ce que, bien sûr, pauvres simples que nous sommes ne pouvions connaître… Son propos est illustré par des citations extraites de Télérama… C'est Vincent Delerm qui doit être content !! Mais enfin, on entendra une fois le mot laïcité, c'est toujours ça. Ensuite on passe aux ateliers, ils-elles ont choisi pour nous les thèmes que nous allions discuter, ben oui, nous ne sommes sans doute pas capables d'aborder les 11 questions de la Ministre ou de faire nous même le choix… Donc trois thèmes, trois ateliers… Et, dans chaque atelier ils-elles ont encore choisi trois questions… Pour nous aider, bien sûr !!! Un temps, très court, je vous rassure, j'ai pensé que nous devrions leur proposer des formations sur l'animation de réunion, sur les outils coopératifs… Mais c'est eux-elles qui savent et ils-elles sont là pour NOUS MOBILISER !

Et savez-vous ce qui arriva ? Chaque intervenant-e (enseignant-e, responsable associatif, CPE) a dit ce qu'ils-elles faisaient dans leur établissement, dans le cadre des partenariats avec les associations… Oh, c'est sûr, rien de bien révolutionnaire, non juste le quotidien des actions, le travail que chaque acteur de l'éducation conduit sans relâche et surtout sans avoir attendu que la Ministre est ses sbires NOUS MOBILISE. Et dans ce cadre on a entendu parler de pédagogie, de sens, de valeurs, de travail d'équipe, de projet…. A se demander si nos technocrates de service sont sourds, aveugles ou ignorants… Avaient-ils besoin de cela pour s'apercevoir que chaque jour, en France, dans les écoles, les collèges, les lycées, dans les accueils périscolaires, les centres de loisirs, les clubs sportifs des femmes et des hommes font vivre les valeurs de la République ?…. Sans doute aurait-il fallu aborder les causes de la crise… s'apercevoir que le problème n'est pas celui de l'école mais celui d'une société fondée sur le profit, la compétition (et donc l'exclusion), le libéralisme... Oh mais là c'est sale, c'est pas beau, c'est de la politique… Ils étaient là pour NOUS MOBILISER !! Pas pour réfléchir, pas pour écouter ce que nous savions du quotidien, de la situation des jeunes et des familles,non, non, NOUS MOBILISER !

Bref, j'ai perdu mon temps, d'autres avec moi, il n'en sortira pas grand-chose car les vraies questions n'ont pas été posées : la formation pédagogique initiale et continue des enseignant-e-s, les effectifs dans les classes (une enseignante a osé affirmer qu'ils-elles avaient des classes de 30 élèves…), le non remplacement des enseignant-e-s absent-e-s, le temps pour travailler en équipe, l’absence de moyens pour prévenir les décrochages, l’absence de moyens (ou leur diminution) pour sortir de l'école, du collège pour aller apprendre ailleurs, autrement, rencontrer des femmes et des hommes différents, dans des paysages, des environnements autres que celui des mômes…

Ceux-celles qui savent ne sont pas les « cravatés », les « chères madames » mais bien les femmes et les hommes qui tous les jours, confronté-e-s aux souffrances, aux difficultés des enfants et des jeunes, se retroussent les manches pour tenter d'éduquer (educare : conduire hors, élever…) les enfants et les jeunes qui leur sont confiés. Cela fait des décennies que tous ces acteurs savent ce qu'ils-elles pourraient faire si on les écoutait, si on se décidait à leur accorder les moyens qu'ils-elles demandent… Qui est ce ON ? Ceux-celles que nous avons élu-e-s, qui sont sensé-e-s gouverner pour chaque jour apporter des solutions aux problèmes de notre société… Eh bien dans le cas présent, il ne s'est rien passé… Les technocrates vont synthétiser… On va mettre ça dans la machine à laver ministérielle et, je prends les paris qu'en dehors des discours il n' y aura pas les moyens dont l'école publique a besoin. Les 80 000 postes supprimés par Sarkozy ne seront pas rétablis puisque ces technocrates qui se répandent sur les valeurs de la République sont les mêmes qui, il y a 4-5 ans nous expliquaient, en accord avec leur Ministre de l'époque, qu'il n'y a pas de lien entre réussite scolaire et effectif dans les classes… La messe est dite !