vendredi 27 mars 2015

J'ai participé aux aux Assises de l'École et de ses partenaires pour les valeurs de la République...

J'ai participé aux aux Assises de l'École et de ses partenaires pour les valeurs de la République dans le cadre des réunions « infradépartementales »… C'est ainsi que le représentant de l'Education Nationale les a nommées…

Première impression… un échantillon de technocrates de l'éducation, costume cravate, petit tailleur avec un soupçon « libertaire » d'écharpe colorée… et tous ces gens se tiennent bien entre eux, je te bise par ci, je te bise par là, on se tapote l'épaule… mais on reste bien entre soi… Ensuite ce sont les discours, empreints de suffisance, « moi qui sait, qui détient le pouvoir... », formules ampoulées mais surtout un vide sidéral… Rien sur le fond, rien sur la réalité de l'école, sur l'engagement des enseignant-e-s, sur le travail des associations… et pour cause. Ces beaux messieurs et ces belles dames sont là pour nous mobiliser ! Eh oui, depuis bien des lustres, les enseignant-e-s, les associations complémentaires de l'école publique se tournent les pouces, enfilent des perles et se demandent bien ce qu'elles vont pouvoir faire !!! Heureusement, la Ministre et ses penseurs sont là pour NOUS MOBILISER !!!! Entre le discours du représentant de l'Education Nationale (façon François Lenglet dans le physique comme dans les propos…) et celui de la Sous-préfète, le mot laïcité n'est pas prononcé… Mais nous sommes saufs, ils vont NOUS MOBILISER vous dis-je…
Ensuite vient l'apport de l'historien de service, un IPR d'histoire-géographie qui nous apprend comment s'est construite la République, l'école laïque, gratuite et obligatoire… bref tout ce que, bien sûr, pauvres simples que nous sommes ne pouvions connaître… Son propos est illustré par des citations extraites de Télérama… C'est Vincent Delerm qui doit être content !! Mais enfin, on entendra une fois le mot laïcité, c'est toujours ça. Ensuite on passe aux ateliers, ils-elles ont choisi pour nous les thèmes que nous allions discuter, ben oui, nous ne sommes sans doute pas capables d'aborder les 11 questions de la Ministre ou de faire nous même le choix… Donc trois thèmes, trois ateliers… Et, dans chaque atelier ils-elles ont encore choisi trois questions… Pour nous aider, bien sûr !!! Un temps, très court, je vous rassure, j'ai pensé que nous devrions leur proposer des formations sur l'animation de réunion, sur les outils coopératifs… Mais c'est eux-elles qui savent et ils-elles sont là pour NOUS MOBILISER !

Et savez-vous ce qui arriva ? Chaque intervenant-e (enseignant-e, responsable associatif, CPE) a dit ce qu'ils-elles faisaient dans leur établissement, dans le cadre des partenariats avec les associations… Oh, c'est sûr, rien de bien révolutionnaire, non juste le quotidien des actions, le travail que chaque acteur de l'éducation conduit sans relâche et surtout sans avoir attendu que la Ministre est ses sbires NOUS MOBILISE. Et dans ce cadre on a entendu parler de pédagogie, de sens, de valeurs, de travail d'équipe, de projet…. A se demander si nos technocrates de service sont sourds, aveugles ou ignorants… Avaient-ils besoin de cela pour s'apercevoir que chaque jour, en France, dans les écoles, les collèges, les lycées, dans les accueils périscolaires, les centres de loisirs, les clubs sportifs des femmes et des hommes font vivre les valeurs de la République ?…. Sans doute aurait-il fallu aborder les causes de la crise… s'apercevoir que le problème n'est pas celui de l'école mais celui d'une société fondée sur le profit, la compétition (et donc l'exclusion), le libéralisme... Oh mais là c'est sale, c'est pas beau, c'est de la politique… Ils étaient là pour NOUS MOBILISER !! Pas pour réfléchir, pas pour écouter ce que nous savions du quotidien, de la situation des jeunes et des familles,non, non, NOUS MOBILISER !

Bref, j'ai perdu mon temps, d'autres avec moi, il n'en sortira pas grand-chose car les vraies questions n'ont pas été posées : la formation pédagogique initiale et continue des enseignant-e-s, les effectifs dans les classes (une enseignante a osé affirmer qu'ils-elles avaient des classes de 30 élèves…), le non remplacement des enseignant-e-s absent-e-s, le temps pour travailler en équipe, l’absence de moyens pour prévenir les décrochages, l’absence de moyens (ou leur diminution) pour sortir de l'école, du collège pour aller apprendre ailleurs, autrement, rencontrer des femmes et des hommes différents, dans des paysages, des environnements autres que celui des mômes…

Ceux-celles qui savent ne sont pas les « cravatés », les « chères madames » mais bien les femmes et les hommes qui tous les jours, confronté-e-s aux souffrances, aux difficultés des enfants et des jeunes, se retroussent les manches pour tenter d'éduquer (educare : conduire hors, élever…) les enfants et les jeunes qui leur sont confiés. Cela fait des décennies que tous ces acteurs savent ce qu'ils-elles pourraient faire si on les écoutait, si on se décidait à leur accorder les moyens qu'ils-elles demandent… Qui est ce ON ? Ceux-celles que nous avons élu-e-s, qui sont sensé-e-s gouverner pour chaque jour apporter des solutions aux problèmes de notre société… Eh bien dans le cas présent, il ne s'est rien passé… Les technocrates vont synthétiser… On va mettre ça dans la machine à laver ministérielle et, je prends les paris qu'en dehors des discours il n' y aura pas les moyens dont l'école publique a besoin. Les 80 000 postes supprimés par Sarkozy ne seront pas rétablis puisque ces technocrates qui se répandent sur les valeurs de la République sont les mêmes qui, il y a 4-5 ans nous expliquaient, en accord avec leur Ministre de l'époque, qu'il n'y a pas de lien entre réussite scolaire et effectif dans les classes… La messe est dite !

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