samedi 1 octobre 2011

La réponse de Seattle

En 1855, le 14e Président des USA, le démocrate Franklin Pierce, disait au peuple Duwamish qu'il voulait acheter leur terre et qu'ils allaient vivre dans une réserve. Voilà la réponse de leur chef, Seattle. Elle résonne de manière tout à fait particulière 150 ans après. Au-delà des croyances du peuple Duwanish elle rappelle ce que nous sommes et elle interroge sur l'avenir que nous souhaitons.



"Le grand chef blanc nous dit qu'il veut acheter notre terre, le grand chef blanc nous donne aussi des mots d'amitié, c'est gentil, Car nous savons qu'il n'a pas besoin de notre amitié.



Mais comment acheter le Ciel ou la chaleur de la Terre, ou la rapidité de l'antilope? L'idée nous est bizarre, la terre n'appartient pas à l'homme blanc, l'homme appartient à la terre. Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple; chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sablonneuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque lumière et chaque bourdonnement d'insecte est sacré.



L'air est précieux à l'homme rouge car tous les êtres partagent le même souffle, l'animal, l'arbre, l'homme. Le vent qui a donné son premier souffle à notre ancêtre a aussi reçu son premier soupir et il donne la vie à nos enfants.



Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux n'est pas seulement l'eau mais le sang de nos ancêtres. Le murmure de l'eau est la voix du père de mon père. Et le sol sous nos pieds ses cendres. Les fleurs sont nos sœurs, le cerf, le cheval et le grand aigle, nos frères. Les crêtes rocheuses, la chaleur du poney, l'homme, appartiennent tous à la même famille.



Alors quand le grand chef blanc nous dit qu'il veut acheter notre terre il nous demande beaucoup. L'homme blanc est un étranger qui arrive dans la nuit et qui prend à la terre ce qu'il veut. Et lorsqu’il l'a brisée il va plus loin. Il traite sa mère la Terre et son père le Ciel comme des choses à acheter, piller, vendre comme des bêtes ou des perles brillantes.



Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu'ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n'oublient jamais, cette Terre magnifique car elle est la mère du peuple rouge. Nous faisons partie de la terre elle fait partie de nous. Si nous décidons d'accepter votre offre, vous devez aimer les animaux de cette terre comme vos frères. Qu'est ce que l'homme sans animaux? S'ils disparaissaient tous, l'homme mourrait d'une grande solitude d'esprit. Nous sommes différents de vous. Nos enfants ne jouent pas ensemble, nos vieux ne racontent pas les même histoires, la vue de vos villes nous fait mal aux yeux, il n'y a pas un seul endroit paisible, pas un endroit pour écouter les feuilles au printemps.



A quoi bon vivre si l'on ne peut entendre le cri solitaire du hibou, les palabres des grenouilles autour d'un étang la nuit. Nous aimons le doux son du vent sur la surface du lac, et l'odeur du vent lavé par la pluie de midi ou bien alourdi par le parfum des pins.



Nos enfants voient que leurs pères sont fatigués. Nos guerriers ont honte et passent leurs derniers jours à empoisonner leur corps avec de la nourriture sucrée et de la boisson forte. Mais pourquoi pleurer la fin de mon peuple? Le peuple est constitué d'individus et les individus viennent et s'en vont comme les vagues sur la mer. Les blancs disparaîtront peut être plus tôt que les autres tribus, mais en mourant, ils rougeoieront comme un incendie, foudroyés par la Force du Grand Esprit qui vous a amenés jusqu'à cette terre que vous dominez, cette terre et le peuple rouge.



Cette destinée est un mystère pour nous car nous ne comprenons pas pourquoi les bisons sont tous massacrés, pourquoi les chevaux sauvages domptés, pourquoi le silence de la forêt est peuplé de beaucoup de gens? Pourquoi les collines en pleines fleurs sont ternies par les fils qui parlent?



Où est l'herbe drue? Disparue. Où est l'aigle? Disparu.



C'est la fin de la vie et le début de la survivance il n'y a pas de mort, seulement un changement de monde. Mais lorsque le dernier du peuple rouge aura disparu et que son souvenir ne sera plus que l'ombre d'un nuage au dessus des prairies, l'âme de mon peuple continuera à vivre dans ces forêts et sur les rivages car nous les avons aimés comme un nouveau-né aime les battements du cœur et de sa mère.



Ecoutez, mes paroles sont comme des étoiles.



Elles ne disparaîtront jamais."

Vous pouvez retrouver ce texte avec des arrangements de Melaine Favennec sur le dernier album du Trio Ewen Delahaye Favennec, "Kan Tri Men" Dylie Production

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