vendredi 11 novembre 2011

A Nantes, les instits inventent des "contre-animations" pédagogiques

(emprunt au café Pédagogique 11 novembre 2011)

Par Cécile Chazerans
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Ce matin, à Nantes, près de 70 enseignants se sont retrouvés. Sans commande ministérielle. Plus pour réfléchir que pour repartir avec des solutions clés en mains. Organisée par Résistance pédagogique 44 et l'Idem 44 (le mouvement Freinet), ils ont participé à une "contre-animation pédagogique". Un nouveau concept qui répond à sa façon à l'évolution de la formation professionnelle...

C'est au cours de l'année scolaire 2010-2011 qu'est née l'idée de se ré-approprier les dispositifs de formation et de mettre en place ces « contre-animations » pédagogiques. Le mouvement Résistance pédagogique 44 et l'IDEM 44 (pédagogie Freinet) s'étaient unis pour organiser deux sessions de formation, l'une en janvier 2011 sur les évaluations, la seconde en mai sur le livret de compétences.

Pour cette rentrée scolaire 2011, l'IDEM 44 avait demandé aux services académiques de faire figurer au plan de formation académique 3 animations dont les sujets sont au cœur de l'acte d'enseigner : l'hétérogénéité et la difficulté scolaire ; l'autorité et la discipline ; la question de la motivation et du rapport au savoir. Un courrier évoquant une mise en place éventuellement conjointe entre l'IA et l'IDEM serait parti des services de l'IA mais n'est pas arrivé à destination. L'IDEM 44 a tenu à maintenir l'organisation de ces formations, qui deviennent donc des contre-animations, n'ayant pu trouver leur place dans le PAF. L'IDEM fait alors le choix de ne pas organiser son traditionnel Salon des apprentissages individualisés dont le succès en plus de 20 ans d'existence ne s'était jamais démenti. C'est un choix risqué, le Salon fait figure d'évènement reconnu et attendu dans le paysage pédagogique local. Mais au vu du nombre de participants à la session de ce matin, il semble bien que c'est également une attente forte des collègues que de disposer de ces nouveaux espaces d'échanges et de discussions. L'organisation prévoit que certains collègues substituent ces animations à leurs animations pédagogiques « officielles ». Des feuilles d'émargement circulent, des attestations de présence également.

L'introduction rappelle le cadre du droit à la formation des enseignants. On revient sur la circulaire de 1972 qui octroie à chaque enseignant un crédit de formation à temps plein équivalent à une année scolaire. Avec la mise en place de celui-ci l'idée de co-formation émergeait. C'est ce principe que veut se réapproprier l'IDEM, contre des formations artificiellement plaquées voire imposées et loin des préoccupations de la profession. On rappellera également que les associations liées par conventions à l'Éducation Nationale telles l'OCCE ou les CÉMÉA par exemple, reconnues comme organismes de formations, peuvent s'inscrire dans ce type de dynamique pour proposer des contenus au plus près des besoins des acteurs de l'école.

Des ateliers.
A 9h30 les 70 participants se séparent en 3 groupes selon le cycle dans lequel ils enseignent. Dans chacun des groupes un « brainstorming » permet de collecter ce qu'évoque pour chacun le concept de difficulté scolaire et la question de l'hétérogénéité. Des questions profondes émergent : peut-on réellement parler de difficulté scolaire au cycle 1 ? L'inéluctable hétérogénéité quand on enseigne avec de très jeunes enfants, comment faire avec... peut être en regardant du côté des richesses qu'elle apporte. Des outils sont présentés, les pratiques débattues.

Un contrat tacite entre les participants s'installe rapidement, ainsi au cycle 1 tous s'accordent sur la nécessité de bannir la fiche systématique qui installe les élèves dans une situation évaluative où l'on ne construit pas d'apprentissages, pour autant on n'occulte pas les difficultés du métier, on essaie de parler en cernant les problématiques. Les débutants sont avides de savoir comment faire et questionnent les plus chevronnés, leur problématique est également de s'économiser. Sans doute un certain consensus dominait déjà, mais le temps d'échange est tellement rare qu'il rend ces fenêtres précieuses pour l'ensemble des participants.

Les discussions des différents groupes donnent lieu à une mise en commun. En fin de matinée le principe de la résistance est réaffirmé, les enseignants sont là pour résister, non pour empêcher les évolutions du système, mais pour agir et le transformer. On partage le constat du ministère sur l'échec du système éducatif actuel, mais il s'agit de construire une autre école, une autre société... Avec son sens de la formule François le Ménahèze incite les participants à s'autoriser à "restaurer leur autorité professionnelle".

Prochaines contre-animations : le 25 janvier 2012, l'autorité et la discipline ; le 25 avril 2012 sur la motivation.


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