lundi 12 septembre 2011

Des dettes, des dettes!

Depuis un certain temps quelques penseurs ou économistes patentés "tirent la sonnete d'alarme"... La dette, la dette, la dette s'écrient-ils en sautant comme des cabris (image empruntée au Général de Gaulle mais à l'époque il s'agissait de l'Europe...). Et ces beaux messieurs nous expliquent doctement que cette dette freine la croissance et qu'elle représente une charge pour les générations futures... Salauds de vieux qui laissent des dettes à leurs enfants!

De quoi s'agit-il en réalité?

La dette publique est en réalité un système de créances entre français pour ce qui concerne toute la politique publique qui est une redistibution des revenus entre générations. Il y aurait une "vraie dette" si la France devait de l'argent aux pays voisins par exemple. Par ailleurs, en contrepartie de la dette contractée on émet une créance de montant égal. Les générations futures hériteront donc de la dette et de la créance. Les jeunes ne se verront donc pas appauvris par la dette de leurs parents.
Toutefois il pourrait y avoir une vraie dette, lourde de conséquence pour le futur, celle qui serait constituée d'un déséquilibre lié aux achats extérieurs. Ainsi si on importe plus de biens que ce qu'on est capable de produire alors oui il y a un déséquilibre. Cela conduit à réfléchir à cette société d'accumulation de biens qui nous amène à vouloir toujours plus (le dernier téléphone portable, les fringues à la mode, le 4x4 qu'il faut avoir...), pour majorité des produits fabriqués à bas coût dans les pays en voie de développement. Cela amène également à reposer en d'autres termes l'agriculture dont on voit bien aujourd'hui qu'elle n'est plus destinée à nous nourrir mais à nourrir le marché en augmentant nos exportations afin de financer nos achats extérieurs... Quitte d'ailleurs à ruiner les agricultures des autres pays, en particulier du sud.

Alors, la France, endettée ou non?

Il faut d'abord avoir en tête que jamais notre pays n'a produit autant de richesses...

L'INSEE et la Banque de France ont en charge d'évaluer dettes et créances , patrimoines en prenant en compte tout ce que les personnes (particuliers et personnes morales) doivent à l'extérieur et tout ce qu'on leur doit. Cela inclut également les actions des uns et des autres. Depuis près de 15 ans et sans discontinuer la France se trouve en situation non pas d'être débitrice mais créancière vis à vis du reste du monde. Voilà donc réglée la question de la dette extérieure.

Qu'en est-il de la dette intérieure?

Cette dette est avant tout liée à une redistribution... Il se trouve que depuis plusieurs années, les politiques menées ont toutes été inspirées par la théorie de la baisse des impots. L'impot étant accusé de freiner la croissance... De fait, et particulièrement depuis l'arrivée de Nicolas sarkozy, tout a été fait pour baisser la contribution des plus riches (réduction de l'ISF, bouclier fiscal, niches fiscales...). Ce choix contribue à modifier profondément la capacité sociale à redistribuer la richesse produite. Cela se traduit par une réduction des moyens accordés aux services publics et donc de leurs capacités à résoudre les problèmes ou à les anticiper. En matière d'éducation, par exemple, réduire les moyens c'est réduire également les possibilités pour le pays de faire face aux enjeux de l'avenir. Un moindre niveau de formation a pour corrollaire un moindre niveau d'innovation, un moindre niveau de la qualité de production. Réduire les moyens affectés à la lutte contre la pauvreté, les discriminations, c'est pousser toute une partie de la population dans la marginalité, le désespoir et, souvent, par voie de conséquence, dans une forme de délinquance. Les récentes émeutes en Grande Bretagne sont significatives de ce point de vue...

On voit bien alors ce qu'est la vraie dette ou le vrai fardeau que nous pourrions laisser aux générations futures: à n'avoir pas voulu redistribuer les richesses produites sous prétexte (faux) d'une dette on laisse une quantité de problèmes non résolus ou de difficultés sociales, économiques et écologiques grandissantes mettant gravement en cause l'avenir, non pas seulement de la France, mais de la planète toute entière... Vous avez dit dette?

On aurait pu aussi aborder la question de l'indécence de certaines fortunes mais là il s'agit aussi de morale... A chacun de se faire son avis.

Jean Marie Morel
12 septembre 2011



En complément, un article du Monde Diplomatique


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